égocentrismes

égocentrismes Dim 15 Avr - 15:41


1
moi j’écris des mots
comme je laisserais se déployer
de ma paume des augures
si je ne les avais pas tant captivées mes captives
avec mon grand œil cerné
d’encre je n’aurais pas inscrit cette page



3
aurais-je des mots simples ? j’en voudrais.

4
si je m’approfondis, je ne saurais suivre qu’un seul nerf – jusqu’à son bouquet, contrarié. j’aime m’approfondir pour la soif plus limpide des cénotes*, presque étrangère. j’aime me perdre pour la joie des rencontres – inaltérable – comme la joie de l’hôte. mais j’ai peur – d’avoir dans l’accueil dévoré mes amis comme des proies – parce que je cherchais l’Un comme un communiant – en chasse – d’avoir dévoré mes amis, de les avoir plongés en sacrifice dans l’opaque – le Même – des cénotes*, et d’avoir tendu pour tout bouquet mes nerfs, éparpillés par le souffle en rameaux.
c’est mon présent – c’était – ce rameaux de nerf auparavant crispé jusqu’au tremblement des doigts, parce que je crois avoir de l’amour, assez pour saisir mon amour dans l’étreinte, l’insupportable étreinte d’y presque parvenir, parce que je crois avoir de l’Amour – le terrible – je me défais de l’étreinte – pour permettre à l’autre de se ressembler, je refuse d’écouter en moi croître sa présence, et sur mes lèvres se rassemblent – se sont rassemblés des baisers, retenues jusqu’à l’étranglement, jusqu’aux lèvres, je serais saint – mais je serais saint sans Dieu, du plus pur étranglement, car Dieu est l’unique baiser du saint le seul, que je ne veux pas convoquer, par amour de l’Un, plus vaste que dieu son chevet.

5
couleuvre renversée sur le chemin
ta mue parfois se dissipe
comme une éclaircie de poème
c’est que tu as comme nous
le songe sous le point de l’écharde
moins poignant que la peau


7*
cénote : puit comme clairière creusée par le sacre dans les jungles mayas. des courants de rivières souterraines les fécondent en dieux et en soif. nous n’y plongerons peut-être plus jusqu’à la source